Le Maroc est devenu une force industrielle régionale en misant sur l’automobile au début du siècle. Après avoir attiré l’Alliance Renault-Nissan et avant que le groupe PSA ne s’installe à son tour et que Ford n’y installe un hub commercial (à Casablanca) et un bureau d’achat (à Tanger), c’est le groupe Volkswagen qui a longtemps été en pole pour être le deuxième partenaire automobile du royaume. Dans les discussions de salons, à tout le moins.
Finalement, c’est notre voisin algérien, par l’odeur du « take-off » marocain alléché, qui a séduit Wolfsburg. Dans le cadre de la joint-venture Sovac Production, scellée avec son distributeur local éponyme, Volkswagen a inauguré en 2017 à Sidi Khettab, dans la wilaya de Relizane, à un peu plus de 300 km d’Oujda, son deuxième site industriel en Afrique (le groupe allemand produit des véhicules en Afrique du Sud depuis 1951).
Cette usine de montage multimarque, qui a nécessité un investissement de l’ordre de 170 millions d’euros, a produit 11 modèles de différentes marques du groupe (Volkswagen, Audi, Seat et Skoda) en 2018. A l’issue de cette première année de production pleine, 12.000 véhicules sont sortis des chaînes de montage et Volkswagen prévoyait d’augmenter la capacité de production à 100 000 unités/an après cinq ans.
Des plans visiblement contrariés puisque la production du site algérien est arrêtée depuis quelques jours. D'après une dépêche de l'agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur, les « événements », les manifs et autres tensions politiques dans laquelle notre voisin et frère algérien est empêtré, ne sont pas (directement) à l’origine de la suspension de l’activité de l’usine VAG.
Les chaînes d’assemblage de Sovac Production sont à l’arrêt parce que, le 18 juin dernier, la justice algérienne a mis sous les chaînes Mourad Oulmi, PDG du groupe Sovac. Placé en détention provisoire depuis lors, Oulmi serait impliqué dans une vaste affaire de corruption.
Le 8 octobre dernier, l’Etat algérien avait tenté, par l’entremise de la ministre de l’Industrie et des mines, Djamila Tamazirt, d’apaiser son partenaire industriel allemand en recevant ses représentants en même temps que les ambassadeurs d’Allemagne, d’Espagne et de République Tchèque.
Une opportunité à saisir ?
Un peu plus de deux moins plus tard et au lendemain de l’élection d’un nouveau chef d’Etat en Algérie, force est de constater que le groupe Volkswagen a perdu patience. S’il parle de suspension momentanée, le géant allemand pourrait tout aussi bien réviser plus radicalement ses plans et décider de s’implanter là où l’herbe et plus… verte et rouge, où la situation politique et sociale est plus apaisée.
« Le malheur des uns fait le bonheur des autres », dit l’adage. Sans se réjouir des tribulations auxquelles notre voisin est en proie, il est opportun de saisir les occasions quand elles se présentent. De convertir une occasion manquée en nouveau départ. Volkswagen pourrait y voir une solution de repli plutôt avantageuse !
En septembre 2018, une info de "Maghreb Confidentiel" relançait la rumeur née en 2011 et fortement commentée depuis : l'implantation au Maroc du groupe allemand. Ce média basé à Paris affirmait en effet que des discussions avancées avaient eu lieu entre des responsables de Wolfsburg et plusieurs banques marocaines en vue de l'implantation d'un site de production au royaume. Peut-être les tribulations de Volkswagen en Algérie hâteront-elles cette installation.
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